Un soir, alors que le roi Harun al-Rashid était en train de prendre son dîner, le Sage Bohlul, qui était présent, répandit accidentellement une goutte de sauce sur les vêtements du roi.
Celui-ci, noir de colère, appela ses gardes.
Sur quoi Bohlul vida toute la saucière sur le roi.
– Ô roi, expliqua-t-il, j’ai vu à tes yeux que tu étais sur le point de me faire exécuter pour t’avoir offensé.
J’ai tout de suite redouté que tu ne sois accusé d’injustice pour avoir fait tuer un homme qui avait juste laissé tomber une goutte de sauce sur ta tunique.
J’ai donc commis une offense beaucoup plus grave de telle sorte qu’aux yeux de tes gens, tu ne sois pas considéré comme un monarque injuste.
Le roi admira la grande sagesse de Bohlul et oublia son geste offensant.
Histoire contée par Attar Farid ud-Dîn, un des plus célèbres poètes et mystiques soufis de la Perse, né vers 1140 et mort vers 1230 à Nishapur.
Commentaire : Si quelqu’un est condamné pour un acte qu’il n’a pas commis, il finit parfois par le commettre. Par exemple, si
un enfant est puni pour un vol qu’il n’a pas commis, il pourrait un jour voler quelque chose. Cet acte justifiera la sentence, réparera l’injustice subie et annulera la dette créée par la sanction injuste (il a payé pour quelque chose qu’il n’a pas eu).
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Version PDF de « Aggraver la faute pour justifier la sentence »